Regarder la Lune

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Des plans.
Je me retiens.
J’aurais envie de les retenir tous.
Instinctivement, paradoxalement, je les ai mis dans l’ordre, alors que ce n’est pas le propos, pas la forme du film, de ce montage, de ce que nous donne le cinéaste.
Pas d’ordre, aucun ordre de passage entre les plans.
Chaque plan nous propose son propre espace, son propre temps, même si même si on est au même endroit.
Là et bien là.
Heureusement, je me suis retenue de lire/écouter avant.
Je préfère tellement sentir d’abord, seule.
Voir ce qui me parle.
Être à l’écoute de ce qui me regarde.
J’ai su, après, qu’il filmait parfois 30 minutes d’affilée (c’est jolie « affilée »).
J’ai su après, que ces plans, avec leur durée, il va en faire une installation.
Les uns à côté des autres.
Je ne suis pas sûre que cela m’aurait imprégnée aussi véritablement.
Plus sûre au fond de cette soi-disant liberté pour le spectateur.
Justement, je me sentais coincée souvent chez Bill Viola.
Le mode d’emploi trop visible et pas assez de pistes pour soi.
La liberté, la place que l’auteur laisse à son spectateur, se joue à un autre endroit.
Pas forcément du côté seulement de la forme justement, elle ne résout pas tout.
J’ai tant aimé passer du temps avec eux, être dans leur espace-temps : de la durée, un peu de hauteur, la bonne plongée, des vraies perspectives.
Trois femmes encore, mais un seul personnage.
Se souvenir aussi de comment elle mange avec des baguettes, comment elle nous regarde, comment elle achète son chou, comment elle se lave les pieds et comment on lui lave les cheveux.
Un film à voir et revoir sans fin, c’est certain.
Comme la lune.

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