et le reste du corps suivit


OOOLe lendemain après-midi, quand il alla rechercher sa voiture, il fit un tour dans la campagne pour voir comment elle se comportait sur la route. Le ciel était à peine un peu plus bleu que son complet clair, uni, à l’exception d’un seul nuage, un gros nuage blanc, aveuglant, avec des boucles et une barbe. Hazel avait fait à peu près un mile depuis qu’il était sorti de la vile quand il entendit derrière lui quelqu’un qui se raclait la gorge. Il ralentit, tourna la tête et vit la fille de Hawks. Elle se relevait et se hissait sur le madrier qui servait de siège. « J’étais là tout le temps, dit-elle, et vous ne vous en doutiez pas. » Elle avait un bouquet de pissenlits dans les cheveux et une grande bouche rouge sur son visage.
OOO« Qu’est-ce que c’est que ces idées de vous cacher comme ça au fond de ma voiture ? dit-il furieux. J’ai des affaires qui m’attendent. J’ai pas de temps à perdre en sottises. » Puis il maîtrisa son ton hargneux, fendit légèrement la bouche, se rappelant qu’il avait résolu de séduire la fille. « Oui, bien sûr, enchanté de vous voir », dit-il.
OOOElle passa une mince jambe à bas noir par-dessus le dossier du siège et le reste du corps suivit. « Dans ce billet, est-ce que vous vouliez dire : bonne à regarder ou bonne tout court ? demanda-t-elle .
OOO— Les deux, répondit-il sèchement.
OOO— J’m’appelle Sabbath, dit-elle, Sabbath Lily Hawks. Ma mère m’a donné ce nom aussitôt après ma naissance parce que j’suis née le jour du sabbat ; et puis elle s’est tournée dans son lit et elle est morte, et j’l’ai jamais vue. » p.135-136
Flannery O’Connor
La sagesse dans le sang
L’imaginaire, Gallimard, an 1959

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