Des portes qui s’ouvrent

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Le caractère le plus propre du cinéma est le montage, ou plutôt, quelles sont les conditions de possibilité du montage ? En philosophie, depuis Kant on appelle les conditions de possibilité de quelque chose les transcendantaux. Quels sont donc les transcendantaux du montage ? Il y a deux conditions transcendantales du montage, la répétition et l’arrêt.
Giorgio Agamben, Image et mémoire : Écrits sur l’image, la danse et le cinéma, Éditions Desclée de Brouwer, 2004, p. 90.

Au montage, on se sent enfin en sécurité. C’est le moment qui me semble unique au monde, que je ne retrouve pas dans la vidéo parce que là, on ne peut pas couper. Au montage, on a physiquement un moment, comme un objet, comme ce cendrier. On a le présent et le futur.
Jean-Luc Godard, « Le montage, la solitude et la liberté », conférence du 26 avril 1989

Car dans la méthode de Godard, il ne s’agit pas d’association. Une image étant donnée, il s’agit de choisir une autre image qui induira un interstice entre les deux. Ce n’est pas une opération d’association, mais de différentiation, comme disent les mathématiciens, ou de disparition, comme disent les physiciens…
Gilles Deleuze, L’image-temps, Les Éditions de minuit, 1985, p. 234.

Mais j’aimerais choisir plus lentement et être accompagné à ce moment-là. Pour ne pas choisir si vite, pour avoir le temps. Ce qui m’effraie quand je vois des gens monter, c’est la vitesse, que personne ne leur demande, mais personne… Ré-enrouler à toute allure, coller avec une violence absolument infernale. Alors que le montage c’est quelque chose de plus doux. Avoir le temps de respirer. Tout est là. Si ça pouvait rester à l’état de rushes [d’Atlas…] et que les gens puissent venir voir le film comme ça.
Jean-Luc Godard, « Le montage, la solitude et la liberté », conférence du 26 avril 1989

Si vous voulez, il y aurait une autre manière de fonctionner sur les CD-Roms qui est plus la possibilité de feuilleter, de trouver, de mettre un titre…, c’est comme un couloir avec des portes qui s’ouvrent, beaucoup de jeux se font de cette manière… Entre le jeu vidéo et le CD-Rom, il y aurait une façon de faire des films, qui seraient beaucoup plus près de Borges ou d’autres gens comme lui. Mais cela ne se fera jamais, on peut être tranquille…
Jean-Luc Godard, Archéologie du cinéma et mémoire du siècle, (avec Youssef Ishaghpour), Farrago, 2000, p. 32.

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