Du Tempo lent 2

« On lit lentement la Bible à chaque repas au point de vous faire manquer le train, si l’on part ce soir là. » Cette lenteur de la lecture fonctionnera comme un biographème tenace. On la retrouve caractérisée à propos de la lecture de Bataille par Lucette Finas en 1977, dans un texte précisément intitulé : « Question de tempo » : « La lenteur acharnée, l’insistance soutenue, la conjonction d’une « vigilance mobile » et d’un « retard… qui confine à la fixation » produisent un effet de fascination. » On la rencontre aussi dans l’évocation de la marche définie comme « pénétration lente et comme rythmée du paysage » ainsi que dans sa relation au piano. Introduisant des syncopes, des durées improbables, Barthes évoque son tempo trop lent en généralisant cette invitation au ralentissement. p.88

Roland Barthes
Tiphaine Samoyault
Editions du Seuil, an 2015

 

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