Envoi

2014-12-10 15.42.23
« Madame, il est vrai que voulant qu’un livre où il y a tant de vous fût sur un papier unique et dans un exemplaire fait pour vous, j’ai perdu beaucoup de temps […]. Au reste il me semblait que le présent (dans le sens cadeau) c’était de vous avoir fait ce livre. Et que l’enveloppe matérielle, et qu’il fût acheté par moi ou par vous, importait peu : vous n’êtes pas d’accord avec moi là-dessus. »

« Je ne vous écris pas, mais je n’écris que sur vous. Tout mon prochain volume ne sera que sur vous. »

« Voici donc un exemplaire (hélas, il n’y en a plus que d’affreux, je vais chercher pourtant) puisque vous attachez plus d’importance aux rames et papier qu’aux douceurs du cœur. L’infernal du malentendu, mais qui vient de votre facilité à tomber aux embûches, vient du mot snobisme rejeté à 20 ans de distance comme le « Péril clérical » etc. A combien de duchesses, quand elles s’écriaient : « Mais ce n’est pas une duchesse, c’est une femme du monde pour petits salons juifs », n’ai-je pas répondu « Elle a plus de race que vous. » Étrange snobisme qui consiste à n’aller chez personne (tout ceci trop long à expliquer ici). »

« En réalité, il fallait montrer que Pays et Êtres perdent quand on les approche. Balbec, pour pays, Guermantes pour Êtres. Je suis trop fatigué pour vous montrer avec quelle logique j’ai développé cela, cela qu’a très bien compris le grand journal danois, le Politiken, de ces jours-ci. Mais vous avez tout pris par le petit côté. J’aime mieux garder le meilleur rôle quoiqu’en ayant infiniment de peine. »

Envoi à la comtesse Adhéaume de Chevigné, née Laure de Sade
vers décembre 1920

« Son corps parfait enfle ses coutumières gazes blanches comme des ailes reployées. On pense à un oiseau qui rêve sur une patte élégante et grêle. Il est charmant aussi de voir son éventail de plume palpiter près d’elle et battre de son aile blanche. » 1892

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