Pensée à soi

– S’est passé combien d’heures entre le gratteron et le pare-brise ?
– Environ huit heures.
– Ben c’est pas trop long, tu devrais trouver. Creuse.
C’est une pensée que t’as pensée et que t’as pas fini de penser. Faut pas perdre ses pensées comme ça, hombre. Faut faire attention où on range ses affaires. Ton adjoint, le commandant, ça le gratte aussi ? Et l’autre, avec les cheveux roux ?
– Non. Ni l’un ni l’autre.
– C’est que c’est bien une pensée à toi. C’est dommage, quand t’y réfléchis, que les pensées n’aient pas de nom. On les appellerait, et elles viendraient se coucher à nos pieds ventre à terre.
– Je crois qu’on a dix mille pensées par jour. Ou des milliards sans s’en rendre compte.
– Oui, dit Lucio en ouvrant sa seconde bière. Ce serait le bazar. p.255

Fred Vargas
Temps glaciaires
Flammarion an 2015

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