Printemps

Photo0590

C’est le printemps.

au 18 octobre 2013
Il suffit, fait dire une nouvelle fois le sage taoïste à Confucius, que « jour et nuit, et sans la moindre césure-fissure, on soit printanier [« vaille en printemps »] dans son rapport au monde ». L’absence de césure cassant le dynamisme signifie, comme dans les arts martiaux chinois, qu’il convient de rester ouvert à la vertu per se de la transition ; de même, ce « printanier » ne dit pas l’attachement au printemps (et donc le regret qu’il passe) mais qu’on demeure contemporain de l’essor qui ne cesse d’activer la vie. Par suite, un tel maintien est strictement évolutif, et non pas résolutif, comme dans le stoïcisme. Il n’est pas seulement de garder harmonieuse et bienfaisante sa relation avec le monde, comme le comprennent d’abord platement, en faisant servir les représentations courantes, des commentateurs chinois ; mais aussi d’ « évoluer de concert avec lui » comme les saisons évoluent : de sorte que, au travers même de l’enchaînement des vicissitudes, et porté qu’on est par leur passage (du seul fait de ce constant passage), on maintienne continûment sa vitalité en phase avec le stade de fraîcheur – printanier – de l’incitation qui vient. p.150
François Jullien
Nourrir sa vie
à l’écart du bonheur
Seuil, an 2005

Ce contenu a été publié dans Fragment, Général, Lecture. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.