Rendre l’histoire vivante

« Fabuler, raconter autrement, n’est pas rompre avec la « réalité » mais chercher à rendre perceptible, à faire penser et sentir des aspects de cette réalité qui usuellement, sont pris comme accessoires. »
Isabelle Stengers, La vierge et le Neutrino, p.169

Fabuler n’est pas fictionner. C’est extirper des rêves de quoi nourrir le réel.
[…]
Le signe ici fonctionne plutôt pour donner à ce qui pourrait s’avérer manquer de réalité, un énoncé très vague, une prédiction qui ressemble plus à une injonction qu’à une annonce, la densité dont elle a besoin pour se réaliser, c’est-à-dire pour avoir un effet de réalité. Ce signe ne connecte pas ; il ne symbolise même pas. Ce n’est pas son rôle. Son rôle est celui de détail (comme quand on ajoute des détails pour rendre l’histoire vivante, pour la charger de réalité), un détail efficace, c’est-à-dire qui effectue, qui « actualise ». Le signe, ici, est au service de l’oracle. Ce n’est pas à lui que revient la charge d’intriguer. p.180

Vinciane Despret
Au bonheur des morts
Les empêcheurs de penser en rond, an 2015

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