Walk The Line

Kabreet-Momken-Bokra

Le laisser faire. Le laisser achever. Donner des vacances à la conscience. Quitter la fâcheuse habitude de tout faire par soi-même. L’important (dans l’ordre de la pensée), il faut au contraire toujours le laisser inachevé. Attendre son éclairage. Sacrifier l’homme premier qui nous fait vivre en mutilés. Faire revenir le daïmon. Rétablir les relations.
Henri Michaux, Connaissances par les gouffres, Gallimard, Paris, 1970. p.276, 277.

Il y a de la pensée ailleurs que dans nos têtes. Il y a un « ça pense » dans le monde des événements. Ce serait la première dimension des signes : ils traduisent une distribution différente des intentions et une mise au travail d’une pensée. De ce fait, ils mettent la pensée au travail.

C’est là une manière toute pragmatique de définir les signes, c’est-à-dire par leurs effets : ils sont inducteurs de perplexité. Ils sont à ce titre, de la famille des énigmes, peut-être même leurs plus proches parents. Ils maintiennent la pensée en éveil, une fois qu’ils ont fait signe. « Ça pense » irradie.

« L’énoncé « Carol était une araignée » nous enchevêtre tous, écrit Hagerty, dans une toile de significations. « Carol était une araignée » peut être compris comme un énoncé de fait. Ou comme une métaphore. Ou les deux. » Osciller, vaciller, amorces d’élan, à partir d’un point d’équilibre qui se crée dans le mouvement et qui vous tient. « Walk the line« , disent les anglais.

« Walk the line« , écrit-il [Jérémy Damian*], lorsque « l’enjeu porte sur le fait de tenir la crête entre deux mondes qui se rencontrent mal ou avec dégâts, celui du positivisme et celui de l’expérience sensible virant trop vite, à la demande, en envolées lyriques romantiques […]. « Walk the line, buddy« . Tiens la ligne, ne tombe pas. […] p.142-144

Vinciane Despret
Au bonheur des morts
Les empêcheurs de penser en rond, an 2015

* Elle m’a dit : « Je suis Alma… mais vous pouvez aussi m’appeler Zara. Mon nom est Alma Zara. » Elle m’a demandé si elle pouvait s’asseoir à ma table, j’ai accepté et je me suis présenté à mon tour : « Damian Stern. » p.470
Alain Fleischer
alma
zara

Editions Grasset Fasquelle, an 2015

PS : Est-ce que les rêves (ceux de la nuit) donnent aussi des vacances à la conscience ?

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