Si ma promenade est une promenade, Je suis plus un « je », je suis un événement.

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J’invoquais le poème si beau de Lorca : « Quel terrible cinq heure du soir ! » Quelle terrible cinq heure du soir ! Qu’est ce que c’est cette individuation ? Dans les romans anglais. Je vous demande, juste de repérez ça, dans les romans anglais – Je dis pas toujours, dans beaucoup, chez beaucoup de romanciers anglais, les personnages ne sont pas des personnages. Tiens, on retombe dans Blanchot, avec heureusement, là, on le conforte, on se conforte avec lui. C’est les romanciers anglais, ils n’en parlent pas. Donc on a une autre source, peut-être pour donner raison à Blanchot. Mais dans beaucoup de romans anglais, à beaucoup de moments, surtout aux moments principaux, les personnages ne sont pas traités comme des personnes. Il ne sont pas individués comme des personnes.

Par exemple, les sœurs Brontë ont une espèce de génie. Elles ont une espèce de génie surtout l’une.., je sais plus laquelle c’est, alors je m’abstiens. Je crois que c’est Charlotte. Je crois que c’est Charlotte… Ne cesse pas de présenter ses personnages comme… C’est pas une personne. C’est absolument l’équivalent d’un vent. C’est un vent qui passe.

Ou Virginia Woolf, c’est un banc de poissons. C’est une promenade. C’est pas… Tiens, je retrouve le même cas.., justement ce que Benveniste négligeait et traitait comme mineur :

 » Je me promène ». C’est précisément il suffit que je me promène pour ne plus être un « Je ».

Si ma promenade est une promenade, Je suis plus un « je », je suis un événement.

Gilles Deleuze – dernier cours de Vincennes – Anti-œdipe et autres réflexions cours du 03/06/80 – 2

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