— vertige —

L’intime est ambigu parce qu’il n’a pas à connaître, et même ne donne pas à imaginer, ces dichotomies classiques qui sont celles de l' »âme » et du « corps », ou du « sensuel » et du « spirituel », ou du « physique » et du « métaphysique ». Une « pénétration » sexuelle, comme on dit, quand elle ouvre à l’intime, d’elle-même fait lever ces dissociations et les défait. Car elle creuse un infini au coeur même du sensible ; du sein de cet enfoncement focalisant et momentané du corps, elle provoque un débordement inouï qui fait soupçonner quelque chose de l’éternité ; elle est à la fois, indissociablement, « physique » et « métaphysique », « charnelle » (le plus charnel) et découvrant de l’ « au-delà » — de telles oppositions deviennent fallacieuses et s’annulent. Dans ce dedans — « le plus dedans » — qu’elle ouvre (intimus), la « possession » se relève en même temps au plus haut point partage ; ou bien disons que le soi fait tomber la frontière de l’Autre, mais pour se désapproprier de soi-même. Un plus foncier apparaît soudain — vertige — qui fait tomber ces exclusions.
FJ p.167-168

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